mardi 26 janvier 2016

Emmanuel Bove (1898-1945)


  •  Emmanuel Bove / [préface, textes établis et rassemblés par Raymond Cousse].- Paris : Flammarion, 1983.- 37 p. : ill. ; 18,5 cm.
    • Contient : Actualité d'Emmanuel Bove ; Repères biographiques ; Bibliographie ; Pages de Journal retrouvées ; Lettres à sa femme ; Sur la mort de Max Jacob ; Une lettre de Peter Handke.


ACTUALITÉ D’EMMANUEL BOVE

Pressé par son éditeur de rédiger sa biographie en guise de préface à Un soir chez Blutel (c’était un usage de la collection), Bove s’en tira par ces quelques lignes :

« J'avoue qu’ici mon trouble est un peu celui de l'acteur qui, oubliant tout à coup son rôle, est obligé d’inventer des répliques ou de s’excuser tant bien que mal auprès des spectateurs. Ce que me demande Lucien Kra est au-dessus de mes forces, pour mille raisons dont la première est une pudeur qui m’empêche de parler de moi. Tout ce que je dirais serait d’ailleurs faux. Il y aurait bien ma date de naissance qui serait exacte. Encore faudrait-il que l’humeur du moment ne me poussât pas à me
rajeunir ou à me vieillir. Qui saurait d’ailleurs résister au plaisir d’emplir sa biographie événements, de pensées basses, d'envie d’écrire à l'âge de huit ans, de jeunesse incomprise, d’études très brillantes ou très médiocres, de tentatives de suicide, d'actions d'éclat à la guerre, d’une blessure mortelle dont on a échappé, d’une condamnation à mort dans un camp de prisonniers et de la grâce arrivant la veille de l'exécution. Le plus sage, je crois, est de ne pas commencer. » 

De l'aveu même de ceux qui l'ont connu, Emmanuel Bove était un auteur très discret. C'est sans doute une des raisons pour lesquelles il est, aujourd'hui encore, si injustement méconnu. Nulle affectation, pourtant, dans cette réserve. Question de tempérament, mais aussi d'éthique. Ce qu'il avait à dire, il le disait dans ses livres et savait s'en contenter.

Parler de l'œuvre de Bove, c'est toujours parler d'autre chose. La réalité qu'il transcrit est à la fois immédiate et littérale, fictive et différée. Elle précède et annule par avance toute interprétation. Pas plus qu’elle ne renvoie à un ailleurs de l'écriture, cette œuvre n’illustre les modes ou les débats idéologiques de son époque. Plus qu'aucune autre, elle se suffit à elle-même. Et c'est précisément parce qu'elle ne cherche pas à coller à tout prix à son temps qu’elle demeure si actuelle, d'une actualité pour ainsi dire intemporelle.

Bove est l'exemple type du déraciné. Son père, exilé russe, est lui-même un personnage « bovien » avant la lettre. Ballotté entre des milieux familiaux et sociaux aussi instables qu'opposés, Emmanuel
connaîtra tour à tour, au gré des bonnes et mauvaises fortunes du père, l'opulence et la pauvreté, le luxe et la misère. Non seulement il le côtoiera selon une alternance pour lui imprévisible, mais ils s’imbriqueront en lui de façon inextricable.

De ce fait, l'œuvre de Bove puise essentiellement ses racines dans le périmètre mental de l'enfance et de l'adolescence. D'où le caractère appliqué, pseudo-naïf de son écriture. Il s'agit, au meilleur sens du terme, d'une écriture de la régression, ou plutôt d'une écriture de l'en deçà. En deçà de la production, en deçà de l'idéologie, en deçà de l'histoire. Dans ce sens, son œuvre est étroitement biographique, mais d'une biographie entièrement transposée.

« Mes personnages ressemblent à toutes sortes de gens que j'ai connus, mais à aucun d'eux en particulier. Il n’y a pas de sincérité possible si l'on se contente d'imiter la nature. Si on copie ses
personnages on ne les crée pas, il n’y a pas de vie. Les modèles vivants ont un rôle à jouer, mais ils
ne doivent fournir que les éléments de la création. » [Interview dans Candide, 9 février 1928.]

Inversement, on peut considérer que la biographie de Bove perd tout intérêt dès qu’il commence
à écrire. Parce qu'il a choisi de n'être qu'écrivain, les rares événements de son existence d'adulte ne
jouent qu'un rôle accessoire dans la genèse de son œuvre, principalement tournée vers l'exorcisme
d'un passé.

Le plaisir qu'on éprouve à lire Bove est voisin de celui de nos premières lectures. Une complicité
au plus intime s'établit entre le lecteur et l'auteur, en marge de la production et de l'histoire. Parce
qu'elle ne recourt pas à des justifications extérieures, cette écriture est aussi sans pesanteurs. C'est
en affectant l'innocence que Bove décrit tant de réalités horribles, voire l'horreur latente de toute
réalité. Sa manière se caractérise par un divorce absolu entre le sordide des situations évoquées et
l'écriture totalement déculpabilisée qui les restitue, entre le désespoir du constat et l'allégresse de sa
narration. En sorte que l’innocence affichée devient rapidement le comble de la perversion.

A trop insister sur la médiocrité des personnages de Bove, on rend l’œuvre muette. Cette misère n’a rien d’extérieur ni de contingent. Considérés isolément ou dans leur globalité, les personnages de Bove représentent une mise à nu de la condition humaine. Par leur entremise, l'humanité est saisie de l'intérieur, sans le secours de ses alibis habituels, à commencer par le concept de progrès, son plus fréquent avatar. Selon le désir de Bove lui-même, cette œuvre forme un tout. Cet ensemble d’une trentaine de livres — sans compter les inédits — s’articule à sa leçon en une authentique Comédie humaine.

« Un roman ne doit pas être une chose achevée, une chose réussie en soi : c'est-à-dire qu’on ne
devrait pas pouvoir isoler un roman de l’œuvre de son auteur, pas plus qu’on ne peut détacher un beau vers d'un poème. Cela ne doit pas donner l'impression d’un ouvrage fini en lui-même, mais
faire partie d’un tout. Balzac et Proust ont réussi à produire cette impression en faisant circuler les
mêmes personnages dans toute leur œuvre. Ne pourrait-on y arriver sans que les mêmes personnages reviennent, afin d’éviter de se limiter, ou en ne les faisant revenir que par accident ? C’est ce que je voudrais faire, si je réussis à écrire les livres que je désire. » [Interview dans Candide, 9 février 1928.]

C’est par son refus d’une recherche a priori de l'originalité que l’œuvre de Bove s’avère paradoxalement si originale. De même, c’est par son attachement au particulier, au banal, au laissé
pour compte, à tout ce qui précède la signification  ou lui échappe, qu’elle touche à l’universel. Il n’y
a pas grand risque à prédire une « éternité bovienne ». A mesure que les romans des célébrités de
son époque deviennent toujours plus illisibles, l’œuvre d’Emmanuel Bove continue de s’imposer. Elle occupera sous peu la place éminente qui lui revient dans la littérature française du vingtième
siècle.

Raymond Cousse

mardi 19 janvier 2016

Alain Ayache (1936-2008)


  • Les Citations de la révolution de mai / recueillies par Alain Ayache.- Paris (8, rue de Nesle, 6e) : Jean-Jacques Pauvert, 1968.- 97 p. ; 18 cm.

mardi 12 janvier 2016

Minou Drouet (1947-....)

  • Poèmes et extraits de lettres / Minou Drouet ; [portrait par Jeannette Schoeller].- Paris (30, rue de l'Université) : René Julliard, 1955.- 46 p. : ill. en front. ; 21,5 cm.
    • Cet ouvrage est tiré à cinq cents exemplaires hors commerce sur pur fil Lafuma numérotés de HC 1 à HC 500 réservés aux Amis de l'auteur et de l'éditeur plus quelques exemplaires de passe.
    • Ce choix de textes de Minou Drouet est édité, hors-commerce, pour prendre date. Poèmes et lettres ont été écrits entre août 1954 et mars 1955. L'auteur est née le 27 juillet 1947. L'édition est conforme au texte original, l'orthographe seule a été rétablie. (Septembre 1955)



mardi 5 janvier 2016

Curiosa


  • Espiègleries d'Armantine l'entretenue du petit bossu.- Bruxelles (Impr. A Sacré, 17-19, rue de la Fourche) : Chez tous les libraires, [ca1875].- 56 p. ; 15,5 cm.- (Les femmes entretenues dévoilées).
    • 4 p. de catalogue.