mardi 14 juin 2011

Alain Lotrian


  • La Fleur de la poésie françoyse : recueil joyeulx contenant plusieurs huictains, dixains, quatrains, chansons et aultres dictz de diverses matieres, mis en nottes musicalles plar plusieurs autheurs, et reduictz en ce petit livre.- 1543.- On le vend à Paris, en la rue Neufve-Nostre-Dame, à l'enseigne de l'escu de France, par Alain Lotrian.- Bruxelles : Imprimerie de A. Mertens et fils, 1864.- 78 p. ; 15,5 cm.- (Raretés bibliographiques).
    • Raretés bibliographiques. Réimpressions faites, pour une société de bibliophiles, à cent exemplaires numérotés, plus deux sur peau de vélin et quatre sur papier de Chine. Exemplaire n°68.


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NOTICE
SUR
LA FLEUR DE POÉSIE FRANÇOYSE.

Le livret, dont nous offrons aux amis de l'ancienne poésie française une reproduction fidèle, est un des recueils les plus rares qui existent en ce genre. Il n'a pu se dérober aux recherches du savant auteur du Manuel du Libraire, mais M. Brunet s'est trouvé hors d'état d'en signaler aucune adjudication, nul des catalogues des ventes, les plus riches sous ce rapport ne présentant ce précieux volume. L'éditeur l'orna d'assez mauvaises gravures en bois, parfois d'une naïveté dont personne ne se scandalisait alors, gravures qui sont répétées à diverses reprises dans le volume ; c'était, aussi, chose que l'usage autorisait. Quant aux œuvres qui forment cette Fleur, le choix en a été fait avec intelligence : c'est une sorte d'anthologie, comme celle dont les Grecs nous ont laissé de charmants modèles ; notre littérature française, vers 1540, n'offrait-elle pas déjà un riche parterre, dans lequel pouvait cueillir un homme de goût, et ne sait-on pas combien le génie d'une nation et les moeurs d'une époque se font connaître dans les divers genres qu'embrasse la poésie fugitive ?

Le lecteur instruit retrouvera, dans cette collection, des vers de Clément Marot, de Saint-Gelais, et de quelques gracieux poëtes contemporains de François Ier ; d'autres morceaux restent anonymes ; mais nous n'avons pas cru devoir nous livrer à un long travail de commentateur pour signaler l'origine de chaque morceau ; c'eût été accompagnement trop lourd d'une œuvre qui doit conserver sa légèreté. Des érudits illustres ont eu raison de joindre de longues, nombreuses et très-doctes notes à des recueils de petits vers grecs et latins, mais tenter quelque chose en ce genre pour la Fleur de poésie, ce serait un contre-sens ridicule.

Nous ne prétendons pas que tout soit irréprochable dans un volume publié en 1543, mais il y a bien peu de pièces qui se ressentent de la liberté de langage et d'idées, alors admise, et il faut savoir gré à Alain Lotrian de cette réserve. On verra donc avec indulgence une plaisanterie, dont il y a de fréquents exemples, sur le Ramonage d'une cheminée, et on ne s'effraiera point de quelques joyeusetés un peu risquées ; des vivacités bien plus grandes paraissaient, à cette époque, avec approbation officielle et privilège authentique.

La Bibliothèque impériale possède (Y 6117 A. C.) ce rare et précieux petit volume, dont nous ne connaissons pas d'autre exemplaire.

FIN DE LA NOTICE.