jeudi 19 mai 2011

Jean-Baptiste Guiard de Servigné (1723-1780)


  • Les Sonnettes ou Mémoires de Monsieur le Marquis D'*** / [par J.-B. Guiard de Servigné]. Auxquels on a joint l'Histoire d'une Comédienne qui a quitté le Spectacle / par le Comte de Caylus.- Bruxelles : Gay & Doucé éditeurs, 1882, sur l'imprimé à Londres, MDCCLXXXI.- 142 p.-[3] f. de pl. ; 19 cm.
    • Imprimé à cinq cents exemplaires. [Exemplaire] n°358.


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AVIS DES ÉDITEURS

LE duc de Richelieu, voluptueux et libertin, avait épuisé ses facultés de bonne heure, et, pour les ranimer dans les bras de ses nouvelles maîtresses, il avait imaginé, dans un vaste château, où il attirait la plus fringante jeunesse des deux sexes, de pourvoir tous les lits de ressorts et de fils qui faisaient mouvoir des sonnettes placées tout autour de son appartement, chacune avec son étiquette portant le nom des dames qui occupaient les chambres.

L'auteur de ce petit roman, Jean-Baptiste Guiard de Servigné, qui était avocat au Parlement de Rennes, fut mis à la Bastille.

Ce livre, Les Sonnettes, parut à Utrecht, en 1749 puis à Berg-op-Zoom (Londres), en 1751 ; à Utrecht, en 1776 ; enfin à Londres (Cazin), en 1781. Les exemplaires de ces diverses éditions sont devenus rares.

En 1799 (l'an VII), il en parut à Vire, une nouvelle édition, mais très modifiée, intitulée : Félix, ou les Aventures d'un jeune officier, 2 vol in-12 ; et en 1803 (l'an IX), une autre édition : Félix ou le Jeune Amant et le vieux libertin.

Les Sonnettes n'ont que deux parties ; mais Félix est divisé en XVIII chapitres, dont voici les sommaires :

CHAPITRE PREMIER. Qu'il faut lire pour connaître les personnages. — Éducation du héros de cette histoire. — Le Père malheureux. — Le Bon Fils. —L'Oncle sensé.

CHAP. II. Scène capable de distraire l'homme le plus studieux, et qui pourrait bien faire palpiter de plaisir plus d'un lecteur.

CHAP. III. L'Heureux Mortel qui a surpris la jolie veilleuse dans son voluptueux abandon, peut-il ouvrir son cœur à l'espérance ?

CHAP. IV. Déclaration. — Réponse naïve. — Le Galant embarrassé d'un excès de bonheur.

CHAP. V. Tête-à-tête qui fera envie à tous nos lecteurs et même à beaucoup de lectrices, si elles sont de bonne foi.

CHAP. VI. Encore du bonheur. — Puisse-t-il durer longtemps ! —Morale des amants.

CHAP. VII. Le Quiproquo nocturne. — Trait admirable de présence d'esprit dans une femme de chambre.

CHAP. VIII. Qui pourrait refuser des consolations à la pauvre Justine ? — Les Aventures. — Comment elle est accablée de tous les malheurs qui peuvent arriver à une fille.—Première Rencontre qu'elle fait dans Paris.

CHAP. IX. Comment on répare les effets de la brutalité des soldats, de la témérité d'un jeune homme, etc. — Le Prélat. — Comment une jeune beauté se trouve dans un instant élevée et abaissée.

CHAP. X. Il faut consoler Justine. —Absence pour les intérêts de l'amour.

CHAP. XI. Plaisirs bizarres du vieux Crysopole. — Dispositions singulières pour connaître les ébats nocturnes de ses hôtes.

CHAP. XII. Jusqu'où l'amoureux Félix portera-t-il l'héroïsme de la fidélité ? — Souper libertin. — On perd la carte et l'on tombe.

CHAP. XIII. Jeux d'esprit. — Honni soit qui mal y pense.

CHAP. XIV. Ingénieuses Sonnettes. — Crysopole sait tout. — Nouvelle Mariée livrée au fripon de Félix.

CHAP. XV. Qu'en arrivera-t-il ? — Comment on corrige une femme de la jalousie. — Contre-temps fâcheux.

CHAP. XVI. L'Illusion conjugale. — Différence entre une femme d'esprit et celle qui n'en a pas. —L'Ingrat Félix se souviendra-t-il enfin de son amante ?

CHAP. XVII. Comment la sensuelle baillive va profiter d'un sentiment qui n'était pas pour elle. — Mérite d'une dévote en amour.

CHAP. XVIII ET DERNIER. Conclusion telle que je la souhaite à tous les amants.

L'édition de Félix, à part quelques phrases supprimées, ainsi que les pièces en vers, renferme de notables modifications dans les expressions, ainsi :

Dans les Sonnettes on lit : « Quatre frères que j'avais ayant pris le parti des armes, convenable à leur naissance, ont péri successivement depuis la bataille de Fontenoy. Le baron D***, frère de mon père, etc. » Dans Félix : « J'avais quatre frères ; ils ont été tous quatre moissonnés par les fureurs de Mars. Monsieur de Lancival, mon oncle, etc. »
Les personnages sont, dans


Les Sonnettes :

Le Baron D***
La Comtesse de Mongol ;
Eléonore ;
La Duclos ;
Le Duc D*** ;
Le Président P... ;
Le Vicomte de L... ;
Le Marquis D*** ;
Les Dames et les Seigneurs
des environs ;
Le Château du duc ;
Le Président D. B... ;
La Présidente D. B....
Félix :

M. de Lancival ;
La Comtesse de Baltimor ;
Rosa de Baltimor ;
La Dupré ;
Le Banquier Crysopole ;
P., jeune officier ;
L., jeune officier ;
Félix ;
Les Dames et les Habitants
les plus distingués des environs ;
La Belle Maison du banquier ;
M. de Bonnaire ;
Madame de Bonnaire.

Le valet Dubois et la servante Justine conservent leurs noms.

Malgré toutes ces retouches faites pour complaire à l'esprit du temps, le roman de Félix fut délaissé, par l'indifférence d'un public dont les idées étaient tournées vers les usages antiques des Grecs et des Romains. Il est aujourd'hui devenu rare.