vendredi 9 juillet 2010

Mercier de Compiègne (1763-1800)


  • Éloge du sein des femmes : ouvrage curieux dans lequel on examine s'il doit être découvert, s'il est permis de le toucher, quelles sont ses vertus, sa forme, son langage, son éloquence, les pays où il est le plus beau et les moyens les plus sûrs de le conserver / par Mercier de Compiègne.- Quatrième édition revue, annotée et considérablement augmentée.- Paris (23, rue de Seine) : A. Barraud éditeur-libraire, 1873.- 158 p. : ill. ; 19,5 cm.
    • Tiré à 602 exemplaires numérotés, savoir : 400 exemplaires in-8° couronne, papier vergé, 150 exemplaires in-8° carré, papier vélin, 30 exemplaires in-8° carré, papier chine, 20 exemplaires in-8° carré, papier whatman, 2 exemplaires in-8° carré, papier peau vélin. [Exemplaire] n°140.

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AVANT-PROPOS.

Ce fut en 1720 que parut à Amsterdam un volume intitulé les Tétons ; il formait la troisième partie d'une série où figuraient déjà les Yeux et le Nez ; le frontispice ajoutait qu'il y avait là des « ouvrages curieux, galants et badins, composés pour le divertissement d'une certaine dame de qualité , par J. P. N. du C. » Une annonce faite par un libraire hollandais, en 1721, informe le public que l'auteur se proposait de passer successivement en revue « toutes les parties du corps humain ; » projet scabreux qu'il n'eut pas le temps d'effectuer ou dont les difficultés l'arrêtèrent. Diverses indications permettaient d'ailleurs d'attribuer la rédaction de ce triple recueil à Étienne Roger, libraire actif, établi à Amsterdam, et qui mettait volontiers la main aux livres qu'il offrait au public. Toutefois les bibliographes les plus accrédités mettent l'œuvre sur le compte de Jean-Pierre-Nicolas Ducommun, dit Véron, dont les initiales cadrent fort bien avec l'énoncé du titre, et qui est l'auteur de diverses pièces de vers (fort médiocres) insérées dans la troisième partie du recueil en question.

Un quart de siècle s'écoula, et le volume mis au jour à Amsterdam repartit avec le titre suivant : Éloge des tétons, ouvrage curieux, galant et badin, en vers et en prose, publié par ***, Francfort, 1746, in-8. En 1775, cet Éloge fut derechef réimprimé sous la rubrique de Cologne, à l'enclume de vérité, 1775 ; on y joignit diverses pièces amusantes et la Rinomachie ou Combat des nez.

Vers la fin du siècle dernier, vivait à Paris un littérateur médiocre, mais actif, Claude-François-Xavier Mercier, surnommé de Compiègne, afin de le distinguer de divers autres Mercier ; il était né dans cette ville en 1763. Se trouvant sans ressources pendant les orages de la Révolution, il demanda à sa plume des moyens d'existence ; il se fit le vendeur de ses écrits, et il les multiplia rapidement. Il rédigeait, il compilait, il traduisait, il composait en prose et en vers une multitude d'in-18 qui se succédaient avec promptitude et qui portaient souvent l'empreinte de la rapidité avec laquelle ils étaient élaborés. Mercier d'ailleurs, il faut le reconnaître, manquait de goût, et son instruction était fort superficielle. Il a laissé divers écrits dont il est inutile de rappeler les titres, mais qui excitent, à bon droit, les craintes du chaste lecteur ; il aimait à traiter des sujets bizarres ; il mit en français, en y joignant des additions assez considérables, une facétie de l'Allemand Rodolphe Goclemin, et il les publia sous le titre d'Éloge du pet, dissertation historique, anatomique et philosophique sur son origine, son antiquité, ses vertus, sa figure, les honneurs qu'on lui a rendus chez les peuples anciens et les facéties auxquelles il a donné lieu (1799, in-18). Longtemps oubliés, les petits volumes sortis de l'officine de Mercier trouvent aujourd'hui des amateurs très-disposés à les recueillir ; dans le nombre figure l'Éloge du sein des femmes, publié à Paris en 1800 ; c'est un riffacimiento du volume dont nous avons mentionné trois éditions antérieures. Mais selon son usage, Mercier ne s'est point borné à une simple reproduction ; il a supprimé des longueurs, il a ajouté des détails nouveaux, il a inséré des pièces de vers parmi lesquelles il en est d'assez agréables ; il a remanié la division du texte original, qui se trouve offrir trois chapitres nouveaux ; il a joint à tout ceci une gravure due à un burin peu exercé qui a reproduit gauchement un dessin lourd et maussade. Il eût été facile de trouver sans doute un artiste mieux inspiré.

Le petit volume en question est devenu assez rare, surtout en bon état ; nous avons pensé que quelques amateurs feraient bon accueil à une quatrième édition de cet Eloge ; ils ne regretteront pas sans doute d'y trouver une sorte d'anthologie de ce que divers poëtes ont dit à propos du sein ; nous avons dû nous borner à choisir, car si nous avions voulu tout reproduire, nous aurions grandement dépassé les bornes que nous avons dû nous prescrire ; mais nous espérons que nos recherches, dans des volumes assez peu connus parfois, nous auront amenés à mettre la main sur des morceaux gracieux qu'on lira avec plaisir.