dimanche 13 juillet 2008

Vacances


Miscellanées (le blogue) sera fermé du 13 juillet au 08 août 2008 inclus
(A la reprise, le 09 août, un billet bibliographique tous les 2 jours)

samedi 12 juillet 2008

Charles Louis Philippe (1874-1909)


  • La bonne Madeleine et la pauvre Marie ; Quatre histoires de pauvre amour / Charles-Louis Philippe.- Paris (35 & 37, rue Madame) : Editions de la Nouvelle Revue Française, 1917.- 229 p. ; 19 cm.
    • Il a été réimposé et tiré à part sur papier Lafuma de Voiron au filigrane de la Nouvelle Revue Française six exemplaires hors commerce numérotés de I à VI et soixante-quatre exemplaire numérotés de 1 à 64.

vendredi 11 juillet 2008

Adalbert von Chamisso (1781–1838)


  • Peter Schlemihl / Adalbert de Chamisso.- [Bruxelles] : Editions de la Toison d'or, [1944].- 189 p. ; 17 cm.- (Les classique de la Toison d'or ; 5).

jeudi 10 juillet 2008

Erckmann-Chatrian (1822-1899 ; 1826-1890)


  • Madame Thérèse / Erckmann-Chatrian ; avec douze gravures imprimées en couleurs de Bourdier.- Paris : Editions du Sagittaire-Anciennes Editions Kra, 1931.- 235 p.- 12 f. de pl. en coul. ; 20,5 cm.- (Byblis).
    • Cet ouvrage, établi sous la direction de H. Terré, a été achevé d'imprimer le 30 juin 1931 sur les presse du maître imprimeur Coulouma, à Argenteuil, H. Barthélemy, directeur. Il a été tiré sur vélin Aussedat à 3.300 exemplaires numérotés de 1 à 3.300. [Exemplaire] n°3138.

mercredi 9 juillet 2008

Fernand Fleuret (1883 - 1945)


  • Falourdin / Fernand Fleuret ; avec un portrait de l'auteur par Raoul Dufy, gravé sur bois par G. Aubert.- Paris (3 rue de Grenelle) : Éditions de la Nouvelle Revue Française, 1927.- 74 p. : ill. en front. ; 19 cm.- (Une œuvre, un portrait. Nouvelle série).
    • Il a été tiré de cet ouvrage sept cent quatre vingt treize exemplaires sur vélin simili cuve des papeteries Navarre (dont soixante huit hors commerce, numérotés de I à LXVIII, et sept cent vingt cinq numérotés de 1 à 725), et seize exemplaires sur vieux japon teinté, dont quinze marqués de A à O, et un exemplaire hors commerce imprimé au nom de l'auteur, accompagnés d'une épreuve à grandes marges, sur vieux japon teinté, numérotée et signée par l'artiste. Exemplaire numéro 69.


mardi 8 juillet 2008

Alphonse Daudet (1840-1897)


  • L'Évangéliste / Alphonse Daudet, de l'Académie Goncourt ; avec un portrait gravé sur bois par P.-E. vibert.- Paris (21, rue Hautefeuille) : Les Éditions G. Crès et Cie, MCMXXIII [1923].- 230 p.-1 f. de pl. en front. ; 22 cm.- (Bibliothèque de l'Académie Goncourt ; 7).
    • Le présent ouvrage, le septième de la "Bibliothèque de l'Académie Goncourt", a été achevé d'imprimer le premier mars mil neuf cent vingt-trois, sur les presses de R.-H. Coulouma, imprimeur à Argenteuil, H. Barthélemy, directeur. Il a été tiré à mille six cent cinquante exemplaires, dont cent cinquante hors commerce, sur vélin pur fil Lafuma, numérotés de 1 à 1500 et de 1501 à 1650. [Exemplaire] n°485.


BIBLIOTHÈQUE DE L'ACADÉMIE GONCOURT

Cette collection, qui ne sera jamais réimprimée, comportera le tirage à 1.500 exemplaires, sur vélin pur fil Lafuma, des œuvres maîtresses dues à la plume de tous les écrivains qui ont fait et font partie du groupe célèbre de parfaits lettrés qu'est l'Académie Goncourt.

Publiée sous leur patronage, elle offrira le plus grand intérêt non seulement pour les amateurs de beaux livres, mais encore pour les bibliothèques du monde entier.

Une annonce, parue dans notre catalogue, a déjà fait inscrire de très nombreuses souscriptions. Il ne nous reste que quelques collections à noter et nous rappelons, à ce sujet, qu'aucun des vingt volumes ne se vendra séparément.

Chaque volume, du format in-octavo carré (14 x 22,5) sera orné du portrait de l'auteur, gravé sur bois, à l'eau-forte ou au burin.

Le prix de chaque volume variera entre 27 fr. 50 et 33 fr., taxe comprise.

Les ouvrages dont l'importance exigera l'impression en deux tomes seront du prix de 44 fr., taxe
comprise.


LISTE DES VOLUMES FORMANT LA COLLECTION

Gustave GEFFROY : Les Goncourt. Leur œuvre. L'Académie Goncourt.
Edmond DE GONCOURT : La fille Élisa.
Edmond et Jules DE GONCOURT : Germinie Lacerteux. Portraits par BRACQUEMOND (paru).
Edmond et Jules DE GONCOURT : La Femme au XVIIIe siècle.
Alphonse DAUDET : L'Évangéliste. Portrait gravé sur bois, par P.-E. VIBERT (paru).
J.-K. HUYSMANS : A Rebours. Portrait gravé sur bois, par ACHILLE OUVRÉ (paru).
Léon HENNIQUE : Un Caractère. Portrait d'après JEANNIOT (paru).
Gustave GEFFROY : L'Enfermé.
Paul MARGUERITTE : Amants.
Octave MIRBEAU : Le Calvaire.
ROSNY Aîné : La Vague rouge.
ROSNY Jeune : Sépulcres blanchis.
Lucien DESCAVES : Philémon. Portrait gravé par P.-E. VIBERT (paru).
Élémir BOURGES : Les Oiseaux s'envolent. Portrait gravé par GEORGES AUBERT (paru).
Léon DAUDET : Le Voyage de Shakespeare.
Jules RENARD : L'Écornifleur.
Mme Judith GAUTIER : Le Livre de jade.
Jean AJALBERT : Sao Van Di. Portrait par EUGÈNE CARRIÈRE, gravé sur bois par PAUL BORNET (paru).
Henri CÉARD : Mal Éclos.
E. BERGERAT : Souvenirs littéraires.

lundi 7 juillet 2008

Joseph Arthur de Gobineau (1816–1882)


  • Le Mouchoir rouge suivi de La Chasse au caribou / Comte de Gobineau ; lithographies de Rémy Hétreau.- Paris (162, boulevard de Magenta) : Les Editions de la Tour, MCMXXXXV [1945].- 137 p. : ill. en coul. ; 15,5 cm.- (Le Rouge et le Noir ; 3).
    • Il a été tiré de cet ouvrage, le troisième de la collection "Le Rouge et le Noir", pour le compte des Editions de la Tour, 162, boulevard de Magenta, Paris, neuf cent soixante-quinze exemplaires, savoir : huit exemplaires sur vélin d'Arches numérotés de 1 à 8, accompagnés d'un dessin original, d'une suite en noir et d'une suite en couleur des illustrations, et neuf cent soixante-sept exemplaires sur vélin pur chiffon numérotés de 9 à 975. Il a été tiré en outre vingt-cinq exemplaires hors commerce, dont cinq exemplaires sur vélin d'Arches numérotés de I à V, accompagnés d'une suite en noir et d'une suite en couleurs des illustrations, et vingt exemplaires sur vélin pur chiffon numérotés de VI à XXV. Exemplaire n°534.

DEPUIS des années, la mode est aux grands livres. L'in-quarto, l''in-plano, l'in-folio même règne sur les bibliothèques de nos collectionneurs. Qu'advient-il de ces ouvrages parfois magnifiques ? On n'ose les manier. Ils ne sont plus les véhicules de la pensée, ils en sont devenus les tombeaux.

Il nous a paru piquant de renouer avec une tradition plus aimable, celle du petit format. Nous aimerions démontrer qu'il n'est pas nécessaire de travailler pour des géants si l'on veut composer un livre où le noir et le blanc soient heureusement distribués, où l'illustration et le texte se
complètent dans une œuvre enfin qui plaise à l'œil et l'esprit.

Nous présentons donc aux amateurs qui s'intéressent aux livres de luxe, au point de vouloir parfois les feuilleter, une collection de taille petite mais de contenu précieux.

Nous les avons choisis pour leur caractère romantique et nous en avons confié l'illustration à quelques uns des meilleurs représentants de la jeune école française.

Nous publierons successivement : LA VÉNUS D'ILLE et TAMANGO de Mérimée, illustrés par Jean Leblanc ; AKRIVIE PHRANGOPOULO, un récit d'une perfection achevée du Comte de Gobineau, illustré par Eliane Bonabel ; LA DOUBLE MÉPRISE de Mérimée, illustrée par Jean-Denis Malclès et enfin deux autres récits du Comte de Gobineau, tout deux étincelants de verve : LE MOUCHOIR ROUGE et LA CHASSE AU CARIBOU, illustrés par Rémy Hétreau.

Les illustrateurs ont composé pour ces volumes des lithographies en deux tons. Nous avons cru servir le talent et l'originalité de ces artistes en leur imposant la double contrainte du travail sur pierre et du petit format.

Trop heureux, si ces ouvrages qu'une main de femme, la plus jolie et la plus fine, peut soulever sans fléchir, rencontraient la faveur des lettrés et des gens de goût auxquels ils sont destinés.

LES ÉDITIONS DE LA TOUR.

dimanche 6 juillet 2008

Gilbert Robin (1893-1967)


  • Études de nu / Gil Robin ; avec un portrait de l'auteur par Jean-Louis Model, gravé sur bois par G. Aubert.- Paris (3 rue de Grenelle) : Éditions de la Nouvelle Revue Française, 1927.- 69 p. : ill. en front. ; 19 cm.- (Une oeuvre, un portrait. Nouvelle série).
    • Il a été tiré de cet ouvrage sept cent quatre vingt treize exemplaires sur vélin simili cuve des papeteries Navarre (dont cent dix-huit hors commerce, numérotés de I à CXVIII, et six cent soixante-quinze numérotés de 1 à 675), et seize exemplaires sur vieux japon teinté, dont quinze marqués de A à O, et un exemplaire hors commerce imprimé au nom de l'auteur, accompagnés d'une épreuve à grandes marges, sur vieux japon teinté, numérotée et signée par l'artiste. Exemplaire n°516.

samedi 5 juillet 2008

Auguste Villiers de l'Isle-Adam (1838-1889)


  • Histoires souveraines / Comte Villiers de l'Isle-Adam .- Bruxelles : Edmond Deman éditeur, MDCCCIC [i.e. 1899].- 367 p. : 26 cm.
    • Il a été tiré : 50 exemplaires, numérotés de 1 à 50, sur papier du Japon ; 10 exemplaires, numérotés de 51 à 60, sur Hollande Van Gelder. Ce livre ornementé par Th. Van Rysselberghe, a été imprimé par A. Berqueman et fut achevé le 28 février mil huit cent quatre-vingt-dix-neuf, pour Edmond Deman, libraire, à Bruxelles.

vendredi 4 juillet 2008

Joris-Karl Huysmans (1848-1907)


  • A vau-l'eau / J.-K. Huysmans ; eau-forte de Am. Lynen.- Bruxelles (25, rue Royale) : Henry Kistemaeckers éditeur, MDCCCLXXXII [1882].- 141 p.-1 f. de pl. en front. ; 16 cm.

jeudi 3 juillet 2008

Edouard Rod (1857-1910)


  • La Chute de Miss Topy / Edouard Rod ; portrait par A. Descaves.- Bruxelles (25, rue Royale) : Henry Kistemaeckers éditeur, MDCCCLXXXII [1882].- 174 p.-1 f. de pl. en front. ; 16 cm.

mercredi 2 juillet 2008

Eugène Noël (1816-1899)


  • Le Rabelais de poche avec un dictionnaire pantagruélique tiré des œuvres de François Rabelais / Eugène Noël.- Paris (9, rue des Beaux-Arts) : Poulet-Malassis et De Broise, 1860.- 248 p. ; 18 cm.



PRÉFACE

Il était assez difficile de publier un RABE­LAIS DE POCHE à l'usage de tous. On l'a essayé pourtant, mais le lecteur ne doit pas oublier que Rabelais, quoi qu'on fasse, sera toujours Rabelais, et que l'on ne tirera jamais de ses œuvres un livre pour l'éducation des demoi­selles. Aussi n'est-ce pas ce que l'on a tenté ici. Nous avons eu en vue surtout de remettre en lumière, dans ces fragments, la belle lan­gue de nos pères. On a fait précéder ce re­cueil d'un abrégé rapide de l'œuvre de Rabe­lais qui, je crois, facilitera beaucoup l'intelligence de l'œuvre complète et qui , dans tous les cas, ne sera pas, je l'espère, la partie la moins amusante du livre. Si, malgré tous nos soins, l'on trouvait encore dans ces extraits certaines histoires, certaines réflexions trop vives ou trop naïves, on pourrait désigner ici aux lecteurs délicats les articles auxquels ils feront bien de ne pas s'arrêter.

Les dames , par exemple, pourraient passer sans les lire, dans notre DICTIONNAIRE PANTAGRUÉLIQUE, les mots : Ane, - Anneau d'Hans Carvel, - Avignon, - Bergerottes, - Chanson, - Diable de Pape-Fliguière, - Femme, - Lieues de France.

Mais, le dirai-je ? je crains que ces pas­sages ne soient précisément ceux qu'on lira le plus.

Après tout, si l'on nous reprochait d'avoir fait une publication un peu rabelaisienne, nous aurions à répondre que cet inconvénient était inévitable dans une œuvre où il s'agissait d'analyser et de citer Rabelais. Il me semble que notre excuse vis-à-vis du public est tout entière dans ces mots.

Nous n'avons qu'on but en publiant ce re­cueil : réapprendre à nos contemporains la vraie langue française et montrer par ces fragments que, sauf l'orthographe, sauf deux ou trois tournures de phrases et quelques différences de prononciation, la langue de Ra­belais est encore aujourd'hui celle du peuple. Aussi, pour refaire du PANTAGRUEL un livre accessible à tous, il ne fallait que lui donner l'orthographe actuelle, redresser quelques inversions imitées des langues anciennes, effa­cer ce qui ne s'adressait qu'aux contemporains, enlever à cette œuvre l'obscure mytho­logie dont elle fut à dessein enveloppée et qui seule en rendit la publication possible au mi­lieu des bûchers et des gibets du XVIe siècle ; puis il fallait en extraire quelques articles, les donner dans leur ordre alphabétique, en composer un dictionnaire pantagruélique et aller ainsi bravement depuis A jusqu'à Z.

Si des lecteurs superficiels s'effarouchaient de certains mots du texte rabelaisien, on leur répondrait que ces mots étaient en usage aux XVIe et XVIIe siècles, comme ils le sont encore aujourd'hui parmi le peuple ; mais nos pré­cieux et précieuses, en dépit de Molière, les ont bannis du beau langage. Le mot de Sganarelle, entre autres, a été définitivement proscrit, chose admirable ! par les gens les plus sujets au désordre qu'il exprime.

Le mot si joli, si net, si bref, dont nous conservons les dérivés acculer, re­culer, reculade, etc., a été détrôné par le moi derrière, mot vague, qui s'appliquant à l'homme ne peut que désigner indistincte­ment, des talons à la nuque, tout le derrière humain. Essayez d'en tirer les dérivés que l'ont obtient avec l'autre.

Le mot bren, de décence admirable par sa prononciation rapide qui désignait l'objet, sans que la langue et l'esprit s'y arrêtassent, avait aussi d'excellents dérivés : breneuse , embrener, etc. ; nous l'avons remplacé par deux ou trois vilains mots à syllabes traînantes, où la langue s'empêtre, et qui restent sans dérivés et sa filiation possible.

La supériorité d'une langue, c'est d'avoir des mots qui passent aisément du substantif au verbe, à l'adjectif, à l'adverbe :

Grâce, gracieux, gracier, gracieuse­ment.

Ce n'est pas que chaque jour des mots nouveaux ne doivent s'introduire dans les langues vivantes ; mais ces mots (même tirés d'une langue étrangère ou ancienne) doivent être créés modifiables, selon la nécessité du discours ; comme télégraphe, par exemple, qui se prête si bien à toutes les modifications du langage : télégraphe, télégraphie, té­légraphier, télégraphique, télégraphi­quement. Mais que ferez-vous du mot wa­gon ? Il ne peut remplacer voiture qui nous donnait, voiturer voiturin , voiturier, voiturable, etc.

Outre ces proscriptions de mots, la langue a subi, depuis Rabelais, quelques change­ments dans sa prononciation ; on y a, de plus en plus, fait sentir les consonnes. Molière déjà se moquait de ceux qui ne laissent échap­per, en parlant , aucune lettre de la plus scrupuleuse orthographe.

Nos acteurs prononcent ainsi le premier vers des PLAIDEURS :

Ma foi, surr l'avenirr bien fou qui se fiera ;

mais Racine et ses contemporains disaient , comme nos paysans :

Ma foi, su l'aveni bien fou qui se fiera.

Ces observations ont été faites avec autant de justesse que de science dans le livre de M. F. Génin sur les variations du langage français ; mais je ne sais si M. Génin insiste suffisamment sur les différences de prononciation survenues dans la langue depuis trois siècles ; on pourrait citer comme preuve de ces changements, les paroles de Grandgousier à la naissance de son fils. L'enfant demande à boire, à boire ! à boire ! d'une voix terrible ; et le père s'écrie « QUE GRAND TU AS (supple le gosier), ce qu'entendant les assistants, ils dirent que vraiment il devait avoir, à cause de cela, le nom de Gargantua, puisque telle avait été la première pa­role de son père à sa naissance ; à quoi celui-ci consentit, et ce nom plut très-bien à sa mère. »

Il avait donc prononcé, non pas que grand tu as, mais — en transposant l'R du deuxième mot à la fin du premier, par hor­reur des accumulations de consonnes, et aussi en adoucissant un peu le Qgueux gand tu as ; mais gueur semblait trop dur encore, trop germanique ; il dut prononcer guer gand tu as. Vous avez entendu sans doute de ces transpositions de consommes d'un mot à un autre ; car notre longue demandait à couler douce et suave comme l'italien ; mais nous nous sommes faits à plaisir Allemands et Anglais.

Guer gand tu as, voilà donc le nom du héros ; on écrivit Gargantua, mais les pay­sans prononcent encore Guergantua ou plutôt Guergantouas.

Il est dans l'esprit de la langue française d'éviter les accumulations de consonnes. Nous avons beau écrire gredin, le peuple persiste à prononcer gueredin ; de même il dit abre pour arbre, gère pour genre, siner pour signer ; il change dur en dru ou dru en dur selon les nécessités euphoniques.

L'euphonie est le premier besoin de nos langues romanes ; de là notre horreur de l'hiatus. Ecrivez quatre yeux, le peuple dira quatre-z-yeux ; écrivez va en guerre, le peuple dira va-t-en guerre, mettant ici la consonne euphonique dure parce qu'il s'agit de guerre ; mais il emploiera l'euphonique douce et glissante dans le va-z-en ville. Les beaux parleurs ont ri du langage de ces deux paysans se disant l'un à l'autre, en plein tri­bunal :

- T'é-t-un menteux.
- Et toi-n-un trompeux.

Le premier eût pu dire : — T'é-s-un.... mais il est en colère, et, pour accentuer plus fortement, il change l'S en T. Remarquez cette nuance !

Des pédants auraient dit : — Tu es un menteur. — Et toi un trompeur. Deux hiatus, deux affreux barbarismes.

Ces observations n'étaient pas inutiles à propos de Rabelais, car il importe de savoir, pour comprendre tout le mérite d'un livre déjà vieilli de langage, comment les contem­porains le prononçaient. Certains effets d'har­monie et de rhythme ne sont appréciables qu'à cette condition ; on en peut citer pour exem­ple cette phrase de l'histoire du mari qui avait épousé une femme muette : Le mari voulut qu'elle parlât ; elle parla par l'art des médecins. Lisez comme on lit de nos jours et l'intention est perdue, tandis qu'en prononçant comme les paysans de quelques-unes de nos provinces, ou comme au XVIe siècle, vous apercevez une consonnance piquante : « Le bon mari voulut qu'elle palat ; elle pala pa' la' des médecins. »

Le peuple ne fait guère sentir que les consonnes euphoniques, et le peuple reste ainsi dans le vrai génie de notre langue.

On avertit donc les lecteurs qu'ils trouve­ront ici la langue française dans toute son énergie et son ampleur populaires.

Le livre de Rabelais est, par ce côté, com­me par bien d'autres, le plus grand monu­ment de notre littérature.

Il n'y a pas, en effet, de nom plus popu­laire que celui de Rabelais ; mais à cause du langage et de la vieille orthographe, son livre ne pouvait avoir qu'un nombre très-restreint de lecteurs ; on a tâché, dans ce recueil, de le rendre accessible à tous. Ceux qui ne le pouvaient lire dans l'ancien texte seront, je crois, bien aises de trouver là enfin l'histoire si po­pulaire des moutons de Panurge, vraie co­médie aristophanesque dont Molière ne nous a donné que deux traits, celui de monsieur Josse, l'orfèvre, passé en proverbe , et celui dit fagoteux : « Il y a fagots et fagots. »

On trouvera avec plaisir aussi, je l'espère, dans notre DICTIONNAIRE PANTAGRUÉLIQUE, les histoires de maître François Villon, surtout sa réponse au roi d'Angleterre, à propos des armes de France ; et la fable de l'âne et du cheval (critique de la vie monacale) et l'anneau d'Hans Carvel (ce précurseur d'Ar­nolphe), et l'histoire du pauvre bûcheron Couillatris (qu'un commentateur délicat ap­pelle Cocatrix) et le beau chapitre sur l'édu­cation, et celui sur l'empereur Picrochole (pa­rodie de Charlequint) et tant de jugements célèbres sur Dieu, sur la justice, sur l'hom­me, sur la nature qui font, du livre de Rabelais le plus étonnant peut-être qu'aient produit les lettres humaines ; livre admira­ble, surtout par le sentiment de sérénité qu'il inspire, livre de joie et d'espérance invin­cible.

Eugène NOEL.

mardi 1 juillet 2008

Léon Riffard (1829-....)


  • Contes et Apologues / Léon Riffard ; illustrés de 150 dessins dont 12 portraits de contemporains par Frédéric Régamey, [préface de Henri Chantavoine].- Paris : Librairie Hachette et Cie, 1886.- XVI-251 p.- [1] f. de pl. en front. : ill. en coul., couv. ill. ; 22 cm.
    • Il a été tiré pour les Amateurs 40 exemplaires numérotés sur papier des manufactures impériales du Japon.