mercredi 30 janvier 2008

Félix Bovie



  • Chansons / Félix Bovie ; publiées au bénéfice de pauvres par la Société vocale d'Ixelles, avec dessins de MM. Billoin, de Schampheleer, Ad. Dillens, Fourmois, Ghémar, Gosselin, Kindermans, Lauters, Musin, Quinaux, Seghers, J., Simonau, Stroobant, Taymans, Van Seben, Van Severdonck, etc., etc., musique de MM. Ermel, Auguste Greyson et Huberti, et préface de MM. Emile Greyson, Ch. de Coster et Victor Lefebvre.- Bruxelles (30, boulevard du Midi) : Typographie et lithographie de J. Gouxeloos, 1864.- 150 p.-[26] f. de pl.-[22] p. de musique notée ; 27 cm.


PREFACE de Victor Lefebvre

DONTJES DE FÉLIX BOVIE.


çuilà qui veut pas voir a qu'à fermer ses yeux.
LUPPE CRAWAE.

Jan Vermillon ! on va impremer les dontjes de Félix Bovie ! Quois'que les curés vont dir' à c't'heur' ? Les ceus' qui chant'ront ces dontjes-là y s'ront verdoumpt et y z'iront tout droit en enfer, L' champêtr' de Steenockerzeel s'ra p'têt' fâché aussi là contr' ? Mo quois'que ça fait ? On est libr' de dir' quois'qu'on pens' et quois'qu'on veut, n'est pas ? Les êvêqu' y disont bien que les ministr' c'est des...... libéraux !

C'est toch un vise cadé que Félix Bovie, stu ? Il a si tant d' l'esprit, si tant de l'immagination, qu'on est comm' stoumaké quans' qu'on rentend ses dontjes. Les chiens y z'aboyont, les fleurs y sentont et les oiseaux y chantont tout seuls sans avoir appris ; ha bien ! Félix fait des dontjes comm' ça..... Y gn'ia quet' chose qui vient dans s' n'idée, et subit' y récrit des mots comm' des chansons. Des faiseurs d'embarras d' maîtr' d'école disont qui gn'ia des faut' dedans, mais c'est, Jan Demme, si beau qu'on régard pas après ça. Quans'qu'on mang' du kramik, c' qu'on pens' que les boulangers avont stampé avec leurs sales pieds dans l' farin' ? Y gn'avait d'jà longtemps que Bovie faisait des si belles dontjes. On voulait qui v'nait de tous les côtés, on oûrait bien donné des argents blancs pou l' entendr', et tout l' mond' demandait qui f'rait impremer ses chansons. Mo Félix avait toujours l'air de dir' comm' ça : Och ! ça est bon pour chanter à un dîner quans' qu'on a bu un verr' de vin ou deux trois, et v'là tout ! Des avocats disiont que Félix savait pas quoisqu'y faisait et qui gn'avait bien des ceus' qu'avont l' croix d'honneur et qui savont pas fair' des choses comm' lui.....

AIR : Larifla, fla, fla, etc.

Toujours on lui d'mandait
Qu'un' fois y donnerait
Pour qu'on les imprem'rait
Les chansons qui faisait.

Mo Félix répondait
Qu'avec lui on riait,
Que tout' ses chansonnett'
Valiont pas un' plaquett' !
Larifla, fla, fla, etc.

Oué mo, un' fois qu'on était à chiquer à l' Socheté Vocal' dIxell', Bovie avait chanté des si bell' dontjes que tous ses camerad' pleuriont comm' des bèt'..... Alours on a crié : Félix, tu faux nous donner tout' vos chansons, et nous autr' on les f'ra impremer. On s'ra fier de dir' que tu es de notr' Socheté, et on veut que notr' pays sait que tu as si tant de l'esprit que c'est pas pour dir'..... Alours Bovie a commencé à croir' que ses dontjes valiont bien un' plaquett' et y s'a laissé à dir'.... C'est toch vrai que si la Socheté Vocal' d'Ixell' avait pas dit : On veut fair' un livr' avec tes chansons, y z'auriont p'têt' été perdues, et on oûrait pas su que, si il avait fait des p'tit' farç' pour rir', il avait aussi composé des chos' qu'on soûra pas roublier. — Et la Socheté Vocal' va fair' impremer les chansons de Félix Bovie pour donner 1'bénéfic' à les pauvr' d'Ixell'. Quans' que Félix a ça su, il a dit :

AIR : Te souviens-tu, etc.

Ah bien ! c'est bien ! allez à l'imprem'rie,
Et fait' tirer tout' mes chansons dihors.
Moi, pour m' part, j'en prends un' bonn' partie
Que j' veux payer avec des pièc' en or.
Je sais pas bien si je f'rai toujours rire,
Parc' qu'ojord'hui on devient si vit' vieux !...
Mo j' s'rai bien ais' que dans m' coeur j' pourrai dire :
Mes dontjes ont aidé des malheureux !

Coco Lulu.
Décembre 1863.